Sarah Benmoussa : De la communication institutionnelle à l’engagement sociétal

📌 Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Sarah Benmoussa, passionnée par la communication et les stratégies d’influence. Pendant quatre ans, j’ai évolué en freelance au Maroc, accompagnant mes propres clients en relations publiques, communication institutionnelle et événementiel. J’ai aussi fondé 7achak, un média féministe qui a su rassembler une communauté engagée et porter des sujets essentiels sur la place publique. En parallèle, j’ai eu la chance de collaborer avec l’OMS et ONU Femmes en tant que conférencière et porte-drapeau. Aujourd’hui, j’ai rejoint un cabinet de conseil à Paris, où je mets mon énergie et mon expertise au service d’acteurs publics et privés pour façonner des stratégies de communication impactantes et inspirantes.
📌 Comment avez-vous construit votre carrière ?
Mon parcours s’est construit au fil des opportunités et des engagements qui m’animent. J’ai d’abord suivi un parcours académique solide avec trois Masters en communication et relations publiques, ce qui m’a donné une base stratégique et analytique. J’ai commencé ma carrière dans des start-ups, où j’ai découvert la polyvalence et l’agilité du métier, mais j’ai rapidement ressenti le besoin de m’engager pour des causes qui me tenaient à cœur : les droits des femmes, la protection de l’enfance et la lutte contre les discriminations envers la communauté LGBTQ+. Cet engagement a développé chez moi un véritable esprit entrepreneurial, qui m’a poussée à me lancer en freelance au Maroc, accompagnant mes propres clients en communication et relations publiques.
Après plusieurs années à évoluer en indépendante, j’ai ressenti le besoin de me challenger davantage, d’explorer de nouvelles perspectives. C’est ainsi que j’ai rejoint un cabinet spécialisé dans la communication institutionnelle panafricaine, pour continuer à affiner mon expertise et élargir mon impact. Rien n’a jamais été vraiment prévu dans mon parcours, j’ai toujours suivi mon instinct, et chaque petit défi, aussi insignifiant soit-il, m’a guidée vers ce début de carrière que je ne saurais toujours pas prévoir.
📌 Pourquoi avoir choisi ce domaine ?
Je n’ai pas vraiment choisi ce domaine… c’est lui qui m’a choisie. À l’origine, j’étais attirée par le marketing et l’événementiel, notamment dans des secteurs où l’image et l’expérience sont au cœur de la stratégie, comme le luxe et la culture. Mais très vite, l’actualité, les médias, la communication institutionnelle et les dynamiques d’influence en politique m’ont profondément marquée. J’ai compris que, qu’il s’agisse d’un acteur public, d’une grande maison de luxe ou d’une institution, l’enjeu reste le même : façonner un récit, créer de l’impact et maîtriser son positionnement.
J’ai toujours été extravertie, avec un réel besoin de me challenger et de travailler sous pression – parfois de façon intense, pas toujours de manière positive. Aujourd’hui encore, je sais que j’ai énormément de choses à apprendre et à expérimenter, et c’est cette constante évolution qui me passionne dans ce métier.
📌 Quels sont vos projets et ambitions pour l’avenir ?
Je n’ai pas de projet figé, et c’est ce qui me motive. Je reste ouverte aux opportunités et aux défis, tant qu’ils me permettent d’évoluer dans la communication institutionnelle, aux côtés d’acteurs influents, qu’ils soient publics, politiques ou engagés. Ce qui me passionne, c’est la gestion de l’image, la stratégie d’influence et la création d’un impact qui dépasse la simple visibilité.
Une chose est sûre : je ne renoncerai jamais à mes engagements. Ce qui change aujourd’hui, c’est ma manière de les porter. J’essaie de les professionnaliser avec ce que j’apprends chaque jour, en trouvant le bon équilibre entre conviction et expertise.
📌 Y a-t-il un moment ou un événement qui a marqué un tournant dans votre vie ?
Oui, lorsque j’ai lancé mon mouvement, j’ai su réunir toutes mes passions pour transmettre un message fort aux acteurs que je souhaitais toucher. J’ai organisé un événement dans une galerie d’art, réunissant des artistes de renom, des leaders d’opinion, des influenceurs ainsi que des journalistes spécialisés dans les questions sociales et géopolitiques, afin d’aborder une problématique essentielle et de créer un véritable engagement collectif. C’est à ce moment précis que j’ai compris que les relations publiques et la communication institutionnelle étaient le chemin idéal pour moi.
Un autre moment marquant a eu lieu au début de ma carrière et de mon militantisme, un moment plus situationnel. À cette époque, l’on m’appelait simplement « Sarah » ou « Lalla », mon prénom qui, en tant que femme, ne surprenait personne ni même moi d’ailleurs. Par la suite, en travaillant sur ma posture, ma manière de communiquer pour renforcer ma présence et l’impact de mon message, et en osant briser les codes marocains par exemple en adoptant une simple cravate ; on m’a alors appelée « Madame Benmoussa ». Ce changement a suscité en moi une réflexion, une invitation à explorer de nouvelles dimensions de mon identité professionnelle.
📌 Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent réussir ?
Si je devais donner un conseil aux femmes qui souhaitent réussir, ce serait de se challenger en permanence, de ne jamais laisser personne ou quoi que ce soit freiner leurs ambitions, et de dépasser l’horizon immédiat pour viser toujours plus haut. Croyez en vos idées et en vos projets, et adoptez un discours authentique qui reflète vos ambitions. Vous êtes la principale actrice de votre vie, et c’est à vous de construire votre destin en osant prendre des risques.
Je précise d’ailleurs que je ne suis pas au sommet de ma carrière, je ne fais que commencer et je ne suis personne pour conseiller les autres. Toutefois, j’ai enclenché ma vie en totale autonomie, et c’est ce que je souhaite partager : prenez des risques et osez tracer votre propre chemin. À 29 ans, je continue d’en prendre, et je compte le faire encore jusqu’à 45 ans, incha’Allah. Enfin, n’oubliez pas l’importance de la solidarité et de l’entraide : le soutien mutuel est essentiel pour avancer ensemble.
📌 Comment percevez-vous la place de la femme dans votre domaine et dans votre pays ?
Dans mon domaine, les relations publiques et l’événementiel, la présence féminine est globalement bien établie et valorisée. Toutefois, l’expérience peut varier selon les clients et les cabinets, et il n’est pas rare d’entendre des remarques sexistes ou discriminatoires, hein ?
Au Maroc, la situation présente des défis particuliers : la femme est souvent perçue comme un obstacle à dépasser, une cible à abattre, à gérer, commanditer tel un petit pantin conséquence d’une masculinité toxique encore trop présente. Paradoxalement, elle incarne aussi l’espoir, le moteur de la réussite et le challenge ultime qui stimule le changement. Ce paradoxe ne montre-t-il pas que les mentalités évoluent, que les questions se posent et que les stratégies de transformation se construisent progressivement ?
📌 Que pensez-vous du site ?
Le site Le Monde Féminin est une plateforme qui offre une véritable tribune aux femmes, leur donnant la parole pour inspirer et soutenir d’autres femmes. C’est un véritable espace de motivation, de respect des valeurs communes et d’entraide durable.
📌 Un dernier message à partager avec notre audience ?
Quant à mon dernier message, je dirais : émancipez-vous, tant mentalement que professionnellement, et n’ayez pas peur de vous challenger. Personne ne doit avoir prise sur vos désirs et vos objectifs. Vous êtes la protagoniste de votre propre histoire.
Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Février 2025