Interviews

Intissar HADDIYA

Médecin néphrologue, professeure de médecine et auteure-romancière

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Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter SVP ?

Bonjour. Merci pour l’invitation. Intissar HADDIYA, Je suis médecin néphrologue (spécialiste des maladies rénales), professeure de médecine à la faculté de médecine d’Oujda, université Mohamed Premier et auteure-romancière marocaine.

Racontez-nous un peu votre parcours

 Enfant, j’ai décidé de devenir médecin. C’était, en fait, un rêve d’enfant qui m’a accompagné pendant plusieurs années.

Alors, après l’obtention du Baccalauréat, j’ai opté sans hésitation pour les études médicales. J’ai ainsi débuté mes études de Médecine en Septembre 1998 à la faculté de Médecine de Rabat. En sixième année de médecine, j’étais admise au concours d’internat du CHU de Rabat. Et deux années plus tard j’ai choisi de me spécialiser en néphrologie, une spécialité qui m’avait particulièrement intéressée au cours de mes études médicales par son aspect logique et pointu.

En 2009, J’ai fait un stage de perfectionnement à l’hôpital Necker à Paris et j’ai obtenu mon diplôme de néphrologue en 2010. Quelques mois après j’ai réussi le concours de professeur assistant de médecine et en 2015, j’ai été nommée Professeur agrégée de Néphrologie puis Professeur de l’enseignement supérieur en 2020.

À côté des actions de soin, d’enseignement et de recherche, les activités associatives occupent une place prépondérante dans notre métier. De ce fait, j’ai pris naturellement part au travail associatif, en tant que membre de l’association et de la fédération de soutien des insuffisants rénaux dans l’Oriental Marocain.

Parallèlement à cela, j’ai nourri tout au long de ma vie un intérêt particulier pour la lecture. Il faut dire que je viens d’un milieu familial instruit où j’ai baigné dès mon plus jeune âge dans l’univers des livres, du débat, de la culture sous tous ses aspects. Et puis j’estime que j’ai beaucoup de chance de pouvoir publier mes livres, romans et recueils, transmettre mes messages, échanger avec mes lecteurs. C’est quelque chose qui me ravit au plus haut point.

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Comment est née cette passion pour la médecine?

À l’âge de huit ans, j’étais inspirée par Jane Seymour dans la série culte Docteur Quinn- femme médecin. Et intriguée dans le même temps par la capacité des médecins à situer le mal et prescrire le traitement adéquat. De plus, j’ai été élevée par une maman qui a un profond respect pour les médecins.

 

Et cette autre passion qui est l’écriture ? 

En fait, c’est la lecture qui m’a conduite à l’écriture. Très tôt, j’ai découvert de merveilleux auteurs qui m’ont fait rêver, voyager, qui m’ont profondément touchée, émue ou amusée. Il y a des passages de romans que j’ai lus et relus avec passion des années durant et puis j’ai découvert très tôt aussi, que l’écriture est un espace d’évasion hors du temps et de l’espace, à portée de main, qui offre beaucoup de liberté, et que moi aussi je pouvais en user à ma guise, raconter, partager mes histoires et inviter à réfléchir… 

Quels sont les événements qui ont changé votre vie ?

Ce serait franchement restrictif de limiter ce qui m’a fait prendre conscience de la singularité de la vie, à quelques évènements. Il y a tant de choses qui contribuent à nous changer. Les personnes qu’on rencontre, les situations que l’on affronte et traverse, les livres qu’on lit, les rôles sociaux qu’on occupe….devenir maman m’a beaucoup donné à réfléchir sur un certain nombre d’affects. Exercer mon métier, notamment lors des premières années au cours de mes gardes en tant qu’interne CHU… Ce sont des moments de difficultés qui poussent à réfléchir et déclenchent une véritable introspection.

Quels sont vos projets à venir ?  

Des projets pour l’avenir ? À vrai dire, j’ai plus de rêves et de souhaits que de véritables projets. J’essaie de vivre au jour le jour. Je travaille, j’élève mes enfants, je lis, j’écris… J’essaie de prendre le temps de vivre l’instant, étant parfaitement consciente aux vues de la nature de mon métier, de la fugacité de la vie.

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Néanmoins, je fais, sans mièvrerie, le rêve d’un monde meilleur, juste, équitable, paisible et en l’occurrence sans pandémies.

Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?

Ce n’est jamais facile, la vie ne fait pas de cadeaux ou très rarement. Ce qui est certain c’est que l’effort, le travail et la persévérance finissent toujours par porter leurs fruits.

Croyez en vous. Laissez de côté les attitudes victimaires et la conception larmoyante de  la vie, le manque de chance et toutes ces idées foncièrement inhibitrices et à la longue destructrices.

Entourez vous de personnes qui vous donnent une bonne opinion de vous même. Personne n’est parfaite et on n’est pas supposé l’être. Il y aura toujours des hauts et des bas mais il n’y a pas d’échecs, il n’y a que des leçons.

Ayez des objectifs clairs, armez vous de motivation, de courage et de détermination.

Donnez vous les moyens de réussir car chaque personne possède ses propres potentiels qu’il faudra savoir exploiter, rentabiliser et en tirer le meilleur.

Et quelque soit la difficulté, ne baissez surtout pas les bras, avancez, l’essentiel est de continuer d’avancer…

  

Que pensez-vous de la situation de la femme au Maroc ?

Je suis très sensible à la condition féminine, en l’occurrence celle de la femme marocaine.  Certes, beaucoup de chemin a été parcouru. Il faut être aveugle ou malhonnête pour ne pas le constater. Les femmes ont acquis un certain nombre de droits, obtiennent de plus en plus de responsabilités et les assument aussi bien que les hommes.

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Les réussites au féminin sont de plus en plus nombreuses. Toutefois, aujourd’hui encore, ici et ailleurs, il persiste un certain nombre d’insuffisances. Car, la condition féminine est préoccupante  dans plusieurs régions du monde.

Des fillettes qui n’ont pas accès à l’éducation, qui pourtant est leur seule voie vers l’émancipation. Des travailleuses qui sont encore, des fois, moins bien payées que les hommes à travail égal. Des injustices que je trouve, somme toute, navrantes. Aussi, les femmes sont souvent dans l’ombre, cantonnées dans des rôles sociaux restreints et ont moins facilement le privilège de s’exprimer et de porter leurs voix. Partant de ce constat, j’essaie  de raconter leurs histoires, mettre de la lumière sur leurs vécus, leurs contraintes, les pressions qu’elles subissent. J’en fais souvent des personnages principaux, une manière, un tant soit peu de leur donner la parole et de contribuer à une prise de conscience quant à leur condition.

 

Votre avis sur le site ?

Je suis très heureuse de découvrir ce site qui a pour objet de mettre en exergue la femme marocaine, ses accomplissements et réalisations dans de multiples domaines.

C’est important et encourageant, car cela permet de construire des modèles pour les jeunes femmes loin de la futilité et la superficialité qui jonche l’univers des réseaux sociaux.

Montrer qu’il existe plusieurs manières de réussir. Qu’il existe des voies pour dépasser les difficultés. C’est quelque chose d’utile et de instructif, à la fois.

Dernier mot ?

Je voudrais terminer par cette citation de Martin Luther King : « Croyez en vos rêves et ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous-même et ils se réaliseront sûrement ».

 

Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Décembre 2021

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