Mariam Mourabbi : De la migration irrégulière à l’agriculture durable – un parcours au service du développement du Sud marocain

Redaction Last Updated: August 18, 2025

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📌Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Mariam Mourabbi. Je suis responsable de la communication, spécialisée dans la valorisation des projets à fort impact social et territorial. Mon parcours m’a conduite des campagnes de sensibilisation sur les risques de la migration irrégulière à un nouveau champ d’action : celui de la recherche scientifique au service du développement durable.

Aujourd’hui, j’évolue au sein de l’ASARI – African Sustainable Agriculture Research Institute, relevant de l’Université Mohammed VI Polytechnique, à Laâyoune. Une région stratégique que j’ai choisie justement parce qu’elle est au cœur d’une vision ambitieuse portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour le développement du Sud du Maroc.

📌Comment avez-vous construit votre carrière ?

J’ai commencé dans la communication sociale en collaborant avec plusieurs ONG internationales, sur des projets de prévention de la migration irrégulière au Maroc, en Tunisie et plus largement en Afrique du Nord. Ce travail m’a permis de développer une approche sensible, ancrée dans l’écoute des réalités de terrain, et de traduire des problématiques complexes en messages accessibles.
J’ai notamment travaillé l’ONG italienne Progettomondo sur des campagnes de sensibilisation destinées aux jeunes.

Aujourd’hui, je poursuis cette mission dans un nouveau cadre : celui de la recherche scientifique et de l’innovation. Mon rôle à l’Institut Africain de Recherche pour une Agriculture Durable (ASARI) est de donner de la visibilité aux projets menés par nos chercheurs – des Marocains, des Africains et des experts internationaux – et de mettre en lumière leur impact sur les territoires. Et toujours, de raconter ce que l’innovation peut changer dans la vie des communautés.

📌Pourquoi avoir choisi ce domaine ?

Parce que je crois profondément que la communication est un levier de transformation. Mon objectif est de rendre la science visible, compréhensible et utile, en particulier lorsqu’elle répond à des enjeux concrets comme la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau ou l’adaptation au changement climatique.
Ce que nous faisons à l’ASARI, pour l’Afrique et par l’Afrique, mérite d’être raconté, valorisé, partagé. C’est cela qui donne du sens à mon travail.

📌Quels sont vos projets et ambitions pour l’avenir ?

Je souhaite continuer à accompagner des projets qui ont un réel impact sur les populations et sur les territoires. Mon ambition est de contribuer activement au développement du Sud du Maroc, dans la continuité de la vision royale, en renforçant la visibilité des initiatives locales, en créant des ponts entre la recherche et les citoyens, et en positionnant notre région comme un pôle d’excellence pour le continent.
Je veux aussi participer à la mise en valeur de l’Afrique en tant que terre d’innovation et d’expertise scientifique.

📌Y a-t-il un moment ou un événement qui a marqué un tournant dans votre vie ?

Ce tournant, je l’ai vécu à travers les voix que j’ai recueillies dans le cadre du podcast AMRWAL, que j’ai animé. J’y ai reçu des hommes et des femmes marqués par la migration, parfois de manière tragique, parfois avec une force admirable de résilience.

Certains ont perdu des proches en tentant de rejoindre l’Europe. D’autres ont tout quitté, tenté leur chance, puis fait le choix de revenir au Maroc pour tout reconstruire depuis zéro. Et d’autres encore ont réussi à transformer leur parcours migratoire en une réussite personnelle et collective.

Ces témoignages m’ont bouleversée. Ils m’ont appris que la migration n’est ni un échec, ni une réussite en soi : c’est un chemin, souvent douloureux, mais porteur d’humanité.

Ce podcast m’a rappelé que mon rôle n’est pas simplement de “communiquer”, mais de porter des récits qui éclairent, qui réparent, qui questionnent. C’est là que j’ai compris que donner la parole, c’est déjà agir.

📌 Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent réussir ?

Prenez le temps de construire votre chemin avec intention. Faites des études, explorez, testez, mais surtout choisissez ce qui vous ressemble. Ce n’est pas une question de virage ou de rupture, mais de cohérence entre ce que vous apprenez, ce que vous vivez et ce que vous souhaitez apporter au monde.
Chaque projet peut devenir une pierre dans la construction de votre avenir à condition de savoir pourquoi vous le choisissez.

Et surtout, ne laissez jamais les autres définir ce qu’est la réussite pour vous. Tracez votre propre définition, à votre rythme.

📌Comment percevez-vous la place de la femme dans votre domaine et dans votre pays ?

Au Maroc, les femmes sont de plus en plus présentes dans de nombreux secteurs, et leur contribution est reconnue. Mais dans le domaine scientifique, je constate encore un déséquilibre : les femmes sont moins représentées que les hommes, en particulier dans les postes de recherche avancée ou dans les domaines techniques.

J’aimerais que nous atteignions une véritable parité, notamment dans les espaces où se prennent les décisions, que ce soit dans les institutions de recherche ou dans les sphères politiques.
Le potentiel est là, les compétences aussi. Il est temps d’élargir la place qui leur est donnée.

📌Que pensez-vous du site ?

C’est une belle initiative. Donner la parole aux femmes, c’est contribuer à rééquilibrer la narration du monde. Merci de créer cet espace de visibilité, de confiance et d’inspiration.

📌Un dernier message à partager avec notre audience ?

Croyez en la force de ce que vous construisez, même si cela prend du temps. Il n’y a pas de petit rôle ni de parcours parfait, il y a des engagements sincères et des choix assumés. Soyez exigeantes avec vous-mêmes, curieuses du monde, et fidèles à ce qui vous anime. C’est ainsi que naissent les trajectoires solides et durables.