Hidou Gomez : “Transformer chaque défi en tremplin” – Portrait d’une femme leader en assurance qualité éducative

📌Pouvez-vous vous présenter ?

Je me nomme Hidou GOMEZ, d’origine béninoise et de nationalité guinéenne. Âgée de 30 ans, je suis mariée et mère de trois enfants. J’ai effectué l’ensemble de mon parcours scolaire et universitaire en Guinée Conakry, où je réside actuellement.

Titulaire d’un diplôme obtenu en 2016, j’ai entamé ma carrière professionnelle la même année en décrochant mon premier stage rémunéré au sein de HETEC-Conakry (Hautes Études Technologiques et Commerciales), un établissement d’enseignement supérieur privé présent dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.

J’ai débuté à HETEC en tant qu’assistante du directeur. Grâce à mon engagement et à ma polyvalence, j’ai progressivement assumé les responsabilités de comptable et de responsable de la scolarité, cumulant ces fonctions pendant quatre années.

En 2021, j’ai rejoint Keyce Academy Conakry (anciennement Université Française) en qualité de coordinatrice pédagogique. Après deux années de service, j’ai été promue au poste de responsable de la Cellule Interne Assurance Qualité, fonction que j’occupe actuellement.

Mon parcours est marqué par la rigueur, la capacité d’adaptation et un engagement constant pour la qualité dans le secteur de l’enseignement supérieur.

📌Comment avez-vous construit votre carrière ?

Ma carrière s’est construite de manière progressive et structurée, grâce à un engagement constant, une forte capacité d’adaptation et une volonté d’apprendre continuellement.

Après l’obtention de mon diplôme en 2016, j’ai eu l’opportunité de décrocher mon premier stage rémunéré à HETEC-Conakry, une institution d’enseignement supérieur reconnue. J’ai débuté en tant qu’assistante du directeur, un poste qui m’a permis de découvrir les rouages de la gestion administrative dans le secteur éducatif.

Très rapidement, mes compétences m’ont permis d’élargir mes responsabilités : j’ai assumé simultanément les fonctions de comptable et de responsable de la scolarité, démontrant ainsi ma polyvalence et ma capacité à gérer des tâches complexes de façon autonome. Cette expérience de quatre années a été une base solide pour mon évolution professionnelle.

En 2021, j’ai intégré Keyce Academy Conakry (anciennement Université Française) en tant que coordinatrice pédagogique, un poste plus stratégique qui m’a permis de renforcer mes compétences en gestion académique et en coordination d’équipes pédagogiques. Mon implication a été reconnue deux ans plus tard, lorsque j’ai été promue responsable de la Cellule Interne Assurance Qualité, un rôle clé dans le suivi et l’amélioration continue des standards éducatifs de l’établissement.

Tout au long de mon parcours, j’ai construit ma carrière en saisissant les opportunités, en me formant sur le terrain, et en m’investissant pleinement dans chaque mission qui m’a été confiée.

📌Pourquoi avoir choisi ce domaine ?

À vrai dire, ce n’est pas un domaine que j’avais initialement choisi. La vie m’y a conduite, et j’ai saisi cette opportunité avec détermination et engagement.

Titulaire d’une licence en communication et d’un master en management de projet, je m’orienterais au départ vers des carrières en lien avec la gestion de projets ou la communication institutionnelle. Cependant, dès mon entrée à HETEC-Conakry en 2016, le secteur de l’enseignement supérieur s’est imposé à moi. Ce premier poste a été bien plus qu’un simple stage rémunéré : il a marqué le début d’un parcours professionnel enrichissant dans un domaine auquel je ne m’étais pas prédestinée, mais dans lequel j’ai su m’épanouir.

Au fil des années, j’ai développé une véritable passion pour la gestion académique, la coordination pédagogique, et surtout pour l’amélioration continue de la qualité de l’enseignement. Ce secteur m’a offert l’opportunité de mettre en pratique mes compétences en communication, en gestion, et en organisation, tout en contribuant activement à la formation des jeunes et à la valorisation de l’éducation.

Ce que la vie m’a offert par hasard, j’en ai fait un choix assumé et une vocation. Aujourd’hui, mon rôle de responsable de la Cellule Interne Assurance Qualité me permet de combiner mes compétences académiques, mon expérience de terrain et mon engagement pour l’excellence dans l’enseignement supérieur.

📌Quels sont vos projets et ambitions pour l’avenir ?

Mon principal projet d’avenir est profondément ancré dans ma vision humaine et sociale du développement : ouvrir un centre de formation dédié aux personnes en situation de grande vulnérabilité. Ce centre sera destiné en priorité aux orphelins, aux femmes victimes de violences sexuelles, aux personnes rejetées par la société, ainsi qu’aux migrants. L’objectif est de leur offrir un espace d’apprentissage, de reconstruction personnelle et de réinsertion socioprofessionnelle.

Ce projet me tient particulièrement à cœur, car il incarne une continuité naturelle de mon parcours professionnel dans l’enseignement et la gestion de projets. Il est aussi l’expression de mon engagement personnel envers une éducation inclusive et porteuse d’espoir. À travers ce centre, je souhaite transmettre un message fort : il y a toujours une seconde chance, il y a toujours de l’espoir.

Ce futur centre ne sera pas simplement un lieu de formation, mais un renouveau, un tremplin pour celles et ceux que la société a mis de côté. Je compte mener ce projet avec rigueur, passion et persévérance, en mobilisant l’appui de bailleurs de fonds, de partenaires institutionnels et d’acteurs de la société civile, afin d’assurer sa durabilité et son impact réel.

En somme, mon ambition est de mettre mes compétences et mon expérience au service de ceux qui n’ont pas eu les mêmes chances que moi, en leur offrant les outils nécessaires pour se reconstruire et réussir.

📌Y a-t-il un moment ou un événement qui a marqué un tournant dans votre vie ?

Oui, un moment particulièrement marquant dans ma carrière a été l’accréditation simultanée de cinq programmes de licence soumis à l’ANAQ (Autorité Nationale d’Assurance Qualité) en Guinée. Cet événement a constitué un véritable tournant pour moi, tant sur le plan professionnel que personnel.

À l’époque, la charge de travail était immense, la pression particulièrement intense, et les enjeux considérables pour l’établissement. En tant que responsable de la Cellule Interne Assurance Qualité, je me devais de garantir la conformité des dossiers, la coordination des équipes pédagogiques, le respect des critères d’évaluation, ainsi que la qualité des contenus proposés.

Malgré les défis, j’ai réussi à mener à bien cette mission complexe, et les cinq programmes ont été accrédités d’un seul coup. Ce succès a été pour moi une véritable consécration, une preuve de ma capacité à diriger des projets de grande envergure avec efficacité, rigueur et résilience.

Cet accomplissement m’a non seulement renforcée dans ma légitimité professionnelle, mais il a aussi consolidé ma détermination à poursuivre une carrière orientée vers l’amélioration continue de la qualité de l’enseignement supérieur, tout en ouvrant la voie à mes projets futurs à fort impact social.

📌Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent réussir

Le premier conseil que je donnerais aux femmes, c’est de croire en elles, même lorsque les circonstances semblent leur être défavorables. Mon propre parcours en est la preuve : je n’ai pas choisi ce domaine au départ, mais la vie m’y a conduite, et j’ai su saisir cette opportunité avec force, courage et détermination.

Être femme, mère, professionnelle, et réussir dans un environnement parfois exigeant demande de la résilience, de l’organisation et une grande capacité d’adaptation. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est possible. Il faut oser prendre des responsabilités, apprendre à se relever après les échecs, à affirmer sa voix, et surtout à transformer chaque défi en tremplin.

Je conseille également aux femmes de ne pas se limiter à leur poste actuel. Il faut avoir une vision, se fixer des objectifs ambitieux, et se former continuellement. Mon évolution — d’assistante à responsable de cellule qualité, en passant par la coordination pédagogique — en est un exemple. Et aujourd’hui, mon projet de création d’un centre de formation pour les personnes marginalisées représente l’aboutissement d’un engagement personnel et professionnel.

Enfin, je dirais ceci : vous avez le droit de rêver grand, mais aussi le devoir de travailler dur pour réaliser ces rêves. La réussite n’est pas un hasard, c’est une construction. Et chaque femme en a le potentiel, si elle s’en donne les moyens.

📌Comment percevez-vous la place de la femme dans votre domaine et dans votre pays ?

La place de la femme, que ce soit dans le secteur de l’enseignement supérieur ou plus largement dans la société guinéenne, est en évolution, mais le chemin reste encore long.

Dans mon domaine, les femmes sont souvent présentes dans les fonctions d’exécution ou de soutien, mais beaucoup moins dans les postes de responsabilité stratégique ou décisionnelle. Pourtant, elles ont toutes les compétences, l’intelligence et la rigueur nécessaires pour exceller à tous les niveaux. J’ai moi-même dû faire mes preuves dans un environnement exigeant, parfois peu habitué à voir une femme diriger des processus complexes comme l’accréditation de programmes ou la gestion de la qualité académique.

La réussite féminine reste parfois perçue comme une exception, alors qu’elle devrait devenir une norme. Il est donc essentiel de changer les mentalités, de valoriser les parcours féminins, et de créer un environnement où les femmes peuvent s’épanouir, concilier vie professionnelle et vie familiale, et accéder à des postes de leadership sans compromis.

C’est aussi dans cette perspective que s’inscrit mon projet de centre de formation pour les femmes victimes d’abus, les personnes marginalisées et les migrants. Car je crois fermement que l’autonomisation des femmes passe par l’accès à l’éducation, à la formation et à l’estime de soi.

En somme, la femme a toute sa place dans mon domaine comme dans notre société. Il ne s’agit pas de la lui donner : elle doit pouvoir la prendre, et être soutenue pour l’exercer pleinement.

📌Que pensez-vous du site ?

Je trouve que le site Le Monde féminin est une initiative précieuse et porteuse de sens. Offrir aux femmes un espace pour partager leurs parcours, valoriser leurs expériences professionnelles, et se rendre visibles dans leurs domaines d’activité, c’est contribuer concrètement à l’égalité des chances et à la reconnaissance des talents féminins.

Trop souvent, les femmes accomplissent des choses remarquables sans qu’elles soient mises en lumière. mondefeminin vient justement combler ce manque de visibilité, en permettant à chacune de devenir une source d’inspiration pour d’autres, en particulier les jeunes filles qui cherchent des modèles et des repères dans leur construction personnelle et professionnelle.

C’est aussi un outil puissant de sororité, de réseautage et d’empowerment, car il permet de créer des connexions, de partager des conseils, et de briser l’isolement que certaines femmes peuvent ressentir dans leur parcours.

En tant que femme engagée dans l’éducation, la gestion de projets et bientôt dans l’accompagnement des plus vulnérables à travers mon futur centre de formation, je ne peux que saluer une plateforme qui valorise la parole, les combats et les réussites des femmes. Ce type d’initiative est essentiel pour construire une société plus juste, plus inclusive et plus représentative de toutes ses forces vives.

📌Un dernier message à partager avec votre audience ?

À toutes celles et ceux qui m’écoutent, je voudrais dire ceci : ne laissez jamais les circonstances définir vos limites. Parfois, la vie nous oriente vers des chemins inattendus, comme cela a été le cas pour moi. Mais avec courage, détermination et foi en soi, ces chemins peuvent devenir des vocations, des réussites, voire des tremplins pour impacter les autres.

Peu importe d’où vous partez, ce qui compte c’est où vous voulez aller — et avec quel état d’esprit vous y allez. Chaque défi peut devenir une force, chaque épreuve une leçon, et chaque victoire, aussi petite soit-elle, un pas vers un avenir plus grand.

Je suis la preuve qu’on peut concilier vie de femme, de mère, et de professionnelle engagée, tout en nourrissant des projets à fort impact social. Et si j’ai un message à transmettre aux femmes en particulier, c’est celui-ci : vous êtes capables, vous êtes légitimes, et vous avez le droit de réussir.

Continuez à rêver, à bâtir, à inspirer — et surtout, à ne jamais baisser les bras.

Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Mai 2025

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