Asmae EL KOHEN

1- Bonjour, avant tout, pouvez-vous vous présenter, nous raconter votre parcours et vos activités

Bonjour, et merci pour votre invitation, je suis Asmae EL KOHEN, originaire de la ville de Fès, mariée et maman de trois enfants.

Je suis Docteur de l’université Paris XI à Orsay et coach professionnel certifié et titulaire de deux masters en gestion. Actuellement Directrice Capital Humain au Sein de l’Office National Des Aéroports, vice-présidente de l’Association des DRH marocains « AGEF », membre du comité de gouvernance, membre du Comex de l’ONDA et aussi membre actif du club des femmes DRH et membre du comité RH de l’Union des Aéroports Français et Francophones Associés (UAF-FA).

2- Et votre vie professionnelle

Je me qualifie comme pur produit du secteur public. J’ai intégré le secteur public en tant que prof de l’enseignement supérieur à l’école Hassania et je le suis toujours Ayant à mon actif plus de 22 années d’expérience dans la gestion des ressources humaines, diagnostic organisationnel, réorganisation des structures, contrôle de gestion, audit, formation et conseil, mon court passage dans le privé (freelance) m’a permis de voir, sous un autre angle, le fonctionnement de l’administration ses forces et ses faiblesses, et de pouvoir ainsi faire une lecture avec plus de recul sur le fonctionnement des structures. De même, j’ai pu côtoyer les professionnels de différents horizons (ressources humaines, enseignement, recherche, finance, juridique, industriel, entreprise de service,…).

Bâtisseuse active et engagée socialement tout au long de ma vie professionnelle, j’ai occupé plusieurs postes de responsabilité en l’occurrence le poste de Secrétaire Général de l’Ecole Hassania des Travaux publics, de chef de département audit et inspection et actuellement Directrice Capital humain de l’Office National Des Aéroports. J’ai également mené une carrière en tant que conseillère auprès de bon nombre de wali et de gouverneur.

Le dernier poste que j’occupe d’ailleurs depuis dix ans maintenant et qui m’a permis de relever plus de défis et plus de challenges est mon poste en qualité de Directrice Centrale Capital humain au sein de l’Office National Des Aéroports que vous connaissez tous.

3- Et pourquoi ce secteur d’activité ?

Il faut dire que je n’ai pas choisi le secteur plus que j’ai choisi le poste et les défis qu’il comportait et qui sont imposés par le secteur dans lequel opère l’ONDA qui est celui du transport aérien. Il est important de rappeler que sans le transport aérien, le tourisme de masse n’aurait pas existé et les chaines d’approvisionnement mondiales n’auraient pas fonctionné. C’est un secteur très particulier, soumis à une forte réglementation tant au niveau national qu’international dans un souci de sûreté et de sécurité mais également pour des raisons économiques et politiques. Ce qui impose un marché de travail très segmenté nécessitant des profils et des compétences très pointues et très diversifiées. Et c’est là tout le rôle du capital humain dans cette dynamique qui impose une certaine célérité dans la gestion. Je veux juste rappeler les missions principales de l’Office National Des Aéroports comme acteur national stratégique et incontournable du secteur il assure la gestion de 25 aéroports dont 19 aéroports internationaux d’une capacité d’accueil de 40 millions de passagers, et est responsable de l’espace aérien du Royaume du Maroc. Ses principales missions sont :

a) L’aménagement, l’exploitation, l’entretien et le développement des aéroports civils de l’’Etat ouverts à la circulation aérienne publique ;
b) Le contrôle local et régional de la circulation aérienne et la mise en œuvre des moyens « nécessaires au survol, à l’approche, à l’atterrissage, au décollage, à la circulation au sol et au « stationnement des aéronefs sur les aéroports visés au a) ci- dessus » ;
c) La formation des techniciens et des contrôleurs de l’aéronautique civile ainsi que du « personnel de gestion et l’exploitation aéroportuaire » [Loi 47.00 promulguée par le Dahir n°1-2-120 du 1er rabii II 1423 (13 juin 2002)].

Aujourd’hui l’ONDA compte plus de 2400 collaboratrices et collaborateurs. La gestion du capital humain représente une activité indispensable qui influence toute la dynamique de l’organisme (performance, bien-être, motivation, paix sociale etc.). C’est une fonction stratégique et transverse, en relation avec tous les services et qui a évolué au fil des années d’un poste purement administratif à un poste de «Business Partner », ayant pour rôle de conseiller et d’accompagner aussi bien les managers que les collaborateurs.
Ce qui me rend fière dans ce que je fais c’est ma contribution à faire évoluer les collaboratrices et collaborateurs en interne et développer leurs compétences, détecter leur potentiel et les inscrire dans la réussite, trouver des solutions et débloquer les situations dans le cas d’un conflit ou d’un blocage mais surtout d’accompagner l’Office dans sa transformation digitale et organisationnelle et dans la transformation des métiers en cours et à venir.

4– Quels sont vos projets à venir ?

Aujourd’hui mes deux priorités sont :

A l’avenir :

5- Quels sont les moments ou événements qui ont changé votre vie

Le poste de Secrétaire Général de l’école Hassania des travaux publics, est un poste que j’ai occupé à mi-chemin de ma carrière et qui m’a donné du plaisir et de la satisfaction en tant que manager Femme chargée de l’accompagnement et du développement des jeunes en leur permettant de trouver leur voix et de concrétiser tout leur potentiel.

Lors de cette aventure que je qualifie de passionnante, j’ai appris à identifier mes forces, à repérer mes faiblesses, à définir clairement mes envies professionnelles et surtout à reprendre confiance en mes compétences. La richesse du travail en groupe est un vrai plus selon moi : de très belles rencontres, des échanges constructifs sur les parcours de vie de tout un chacun, qui apportent un autre regard sur ma propre histoire.

Le regard et les remarques que chacun m’a apporté, plein de bienveillance, mais aussi de vérité m’ont mise en confiance, m’ont souvent bousculée et m’ont fait beaucoup réfléchir.

J’ai pu également identifier un “talent” en moi pour le goût du challenge que je suis en capacité de mettre en œuvre au niveau de mon poste actuel.

Tout cela fait de moi celle que je suis aujourd’hui. Peut-être y ‘a-t-il des détails sur lesquels il est facile de dire “j’aurai dû faire autrement” mais sur le fond, ça m’a fait énormément grandir et si c’est à refaire je changerai rien.

Cette aventure était surtout « le déclic » pour entamer une reconversion professionnelle en termes de domaine d’intervention en partant de l’audit et contrôle de gestion vers la gestion de l’humain en tant que Directrice Capital Humain avec une passion particulière pour le leadership inclusif et authentique.

6– Quel est votre conseil pour les femmes qui veulent réussir ?

En tant que femme chaque jour, nous avons à faire face à des problèmes en tous genres et nous avons de lourds devoirs sacrés à effectuer que ce soit dans nos foyers respectifs, au sein de la société ou au sein de la Nation toute entière. De nos jours, il est reconnu le rôle primordial que joue chaque femme, dans de nombreux domaines et à des niveaux de responsabilité divers.

Tous ces facteurs la mettent devant davantage de défis pour pouvoir apporter sa contribution au processus d’édification d’un avenir meilleur. Des activités chronophages qui peuvent entraver le processus de conciliation vie privée, vie personnelle. Mon conseil :

7- Votre avis sur la situation de la femme au Maroc

Il faut dire que le Maroc s’est engagé, depuis plus de deux décennies, en faveur de la promotion de la condition féminine et a déployé des efforts notables et louables dans l’amélioration de la situation de la femme sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que dieu l’assiste, qui accorde une attention particulière à la participation de la femme dans la dynamique de développement. Je cite la promulgation du nouveau Code de la famille en 2004 « la Moudawana », considérée comme l’une des lois importantes en faveur des droits des femmes marocaines, constituant, dès lors, une révolution sociale et législative.
Toutefois, les problématiques d’inégalité homme-femme semblent donner du fil à retordre et restent persistantes. Les données publiées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur les femmes actives au Maroc, montrent que le taux d’activité global des femmes est passé de 22.6 % au premier trimestre de 2020 à 20% au 1er trimestre 2022. Aussi, Les résultats révèlent qu’en début 2022, deux hommes sur trois sont actifs, ce qui équivaut à 62.3%, contre une femme sur six. Un chiffre qui renvoie à un taux ne dépassant pas les 16.6%. Ces données témoignent de la faible présence des femmes dans le marché du travail comparant à celle de l’homme. Beaucoup reste à faire pour assurer l’autonomisation économique des femmes et pour instaurer l’égalité des genres qui reste, elle, intimement liée à l’éducation inculquée aux futures générations. Un enfant, ayant grandi dans un environnement fondé sur un modèle patriarcal et envahit de stéréotypes, sera certainement influencé par ces idées qui se refléteront sur ses attitudes et sa manière d’agir une fois adultes.

Mais pour rester sur une note positive on ne peut pas balayer d’un revers de main 20 ans de progrès, il faut toujours garder l’espoir d’un Maroc meilleur et valoriser tous les efforts déployés grâce à l’impulsion Royale.

8– Votre avis sur le site ?

Un site riche qui rend hommage aux femmes à travers les expériences de ses semblables et leurs « SUCCESS STORIES ». Bon vent pour vous.

9– Dernier mot ?

Pour vous « le monde féminin » merci pour cette belle interview et pour « la femme marocaine » tu es juste exceptionnelle.

 

Entretien réalisé par Aziz HARCHA
Juin 2023

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